Tunis le 10 juin 1977
Manifeste de CNDLP
Le CNDLP constate :
- Le régime politique n’a cessé d’évoluer dans le sens inverse de l’évolution générale du pays. Il a, progressivement, mis un terme à toute forme de pluralisme politique, syndical ou d’expressions.
- Le parti unique au pouvoir est de moins en moins tolérant, aussi bien en son sein que dans le pays. Il n’a cessé d’exclure de ses rangs les hommes et les tendances non conformistes. Il a toujours sévèrement réprimé toute velléité d’oppositions.
- Le régime politique, de plus en plus autoritaire, a développé et consolidé les privilèges politiques et économiques d’une minorité. Il a laissé se développer le régionalisme et le favoritisme.
- Le pouvoir a monopolisé les structures politiques et les moyens d’information. Il refuse aux courants politiques existant dans le pays le droit de s’exprimer, de se réunir et de s’organiser.
- Certains hommes politiques couvrent l’existence et les agissements de forces parallèles plus ou moins contrôlées, assurées de l’impunité, tristement réputées pour leurs méthodes d’action et constituant une menace permanente pour la sécurité et l’intégrité physique des hommes libres de ce pays.
- L’université est occupée en permanence par un corps de vigiles dont la seule présence porte atteinte à la sérénité de l’enseignement et constitue une provocation pour l’ensemble des étudiants ;
- Le code de procédures pénale, par son silence sur la garde à vue et sur le statut du détenu en général et du détenu politique en particulier, laisse la porte ouverte à tous les abus aussi bien de la part de la police que de celle des autorités pénitentiaires.
- Le système économique, inadapté aux besoins réels du pays, n’a pas réalisé l’objectif de justice sociale et n’a fait qu’aggraver les inégalités.
Le CNDLP proclament :
- La nécessité de mettre un terme à la dégradation de la situation politique dans le pays par la proclamation d’une amnistie générale et la libération de tous les détenus politiques.
- La nécessité de mettre un terme aux pratiques administratives entravant l’exercice des libertés publiques et de réviser la législation sur les libertés dans un sens conforme à la constitution, à la déclaration universelle des droits de l’homme et aux aspirations du peuple tunisien.
- La nécessité de sortir le pays du sous-développement politique et de l’engager sur la voie d’une démocratisation réelle en permettant, notamment, à tous les courants d’opinion de s’exprimer et de s’organiser à l’abri de toutes pressions, menaces et interventions de toutes sortes.